Paul Cuvelier, admiré par Hergé

« Dans le genre classique, il y a Cuvelier. Quand je l’ai vu pour la première fois, il n’avait pas vingt ans et il m’a demandé des conseils… Des conseils, c’est moi qui aurais dû lui en demander ! C‘était superbe ce qu’il faisait : un dessin d’une élégance extraordinaire. » 

C’est Hergé, le père spirituel de Tintin, qui exprima en ces mots son admiration sans bornes pour Paul Cuvelier, le créateur de Corentin. Il le fit au début des années 1970, durant un de ses légendaires entretiens avec Numa Sadoul (1). Cette première rencontre entre les deux dessinateurs eu lieu le 5 mai 1945 et Hergé, qui avait alors 38 ans, fut littéralement subjugué par le talent du jeune homme. En fait, il ne le lâcha plus et le persuada très vite de se lancer dans la bande dessinée. Cuvelier se fit d’abord la main en réalisant les planches d’un western scénarisé par un certain Olav (alias E.P. Jacobs et Hergé !) et titré « Le Canyon mystérieux ». Cette « aventure de Tom Colby » parut en 1947 en album et en film fixe, mais entretemps, Hergé avait déjà intégré Paul Cuvelier dans la petite équipe du tout nouveau journal « Tintin », qui vit le jour le 26 septembre 1946. Et c’est dans cet hebdomadaire mythique que Paul Cuvelier créa les merveilleuses aventures de Corentin Feldoë. 

Cette genèse de l’épopée du jeune héros tout blond et courageux est assez bien documentée, mais l’anecdote suivante, impliquant l’abbé Norbert Wallez, le patron du journal « Le Vingtième Siècle », qui lança en 1928-1929 la carrière de Georges Remi – et de Tintin ! – est moins connu. C’est en effet grâce à cet abbé – hélas pas toujours aussi bien inspiré d’ailleurs (2) – que les deux auteurs se sont rencontrés. 

Les parents de Paul Cuvelier, le docteur Charles Cuvelier et son épouse Louise étaient en effet très liés avec le docteur Paul Hennebert et sa femme Marie Wallez, la jeune sœur de l’abbé Norbert (3). Les familles Cuvelier et Hennebert étaient très enthousiasmées par le talent du jeune Paul et cette réputation vint à l’oreille de l’abbé Wallez, qui à son tour en parla à Hergé. Georges Remi, qui ne refusait jamais rien à son mentor, accepta de rencontrer l’ambitieux jeune homme. C’est comme cela que le docteur Hennebert fut chaleureusement accueilli avec son protégé au n° 16 de l’avenue Delleur à Boitsfort. Le reste, c’est de l’histoire, de la grande histoire du 9e art.

  1. Numa Sadoul, « Tintin et moi », p. 89, Casterman, 2000.
  2. Marcel Wilmet, « L’Abbé Wallez, l’éminence noire ce Degrelle et Hergé », ART9experts, 2018
  3. Consulter le site de la Fondation Paul Cuvelier, www.paulcuvelier.org

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